L’état théâtre ou le théâtre état
Notre Ministère de la Culture
joue depuis sa création une pièce de théâtre dont le thème est la présence
structurelle, visuelle et inerte dans la machine gouvernementale. Une pièce de
théâtre entièrement improvisée avec des acteurs venus de partout sauf d’une
école de formation appropriée puisque le Cameroun n’en possède pas. Une pièce
de théâtre dont personne ne connait la trame, le protagoniste ou l’antagoniste,
sans incident déclencheur, sans conflits donc sans obstacles puisque aucun
bilan ne nécessite d’être présenté. A qui ?le fonctionnement du ministère
de la culture montre bien l’idée que l’état a de ce pays dont il a la charge. Rester
dans le gouffre de l’immobilité.
Après le scénario de la subvention
des écrivains et non des maisons d’éditions, quel est le bilan national de
notre livre ?où sont les livres de valeur édités grâce à l’aide du
ministère ? Après le scénario d’aide des musiciens et non la construction
des salles de concert et la lutte contre la piraterie, quel est le bilan
positif de notre musique ? Après la farce de la distribution occulte du
milliard Culturel au lieu de la mise en place des écoles d’art, des centres
d’art, des conservatoires dans des régions quelle est la fierté qui reste
visible et dont on peut se vanter comme empreinte du ministère de la
culture ? On supprimerait le ministère de la culture que notre culture se
porterait dix fois mieux. Comment peut-on croire qu’un délégué régional de la
culture n’organise rien le 20 mars journée internationale de la Francophonie,
le 27 mars journée mondiale du théâtre, le 29 mars journée internationale de la
danse ? Le délégué en charge de la culture ne sait pas ce qu’il est sensé
faire. Et même quand il est invité pour voir ce que les artistes de sa région
ont préparé, il n’y va pas. Parce que le soir après le travail, c’est la bière
qui fait loi et non la culture.
Dans la région nous voyons tout
le monde se mobiliser pendant la semaine de la jeunesse. Le délégué régional de
la jeunesse monte et descend pour que tout se passe bien. Pendant la semaine de
la journée internationale de la femme, on voit tout le personnel du ministère
en charge de la femme se mobiliser pour que le 8 mars soit un succès. La
journée mondiale du tourisme ne passe jamais inaperçue parce que le ministère
du tourisme se prépare pour que ce soit une fête. La journée des enseignants
est connue dans tous les coins du pays. Pendant ce temps, le ministère de la
culture dort. Aucune trace de son existence dans la promotion, la mise en
valeur et l’encadrement des créateurs. On s’attendait à la construction d’un
palais de la culture, le ministère de la culture a plutôt ouvert une infirmerie
pour les artistes au ministère. Quelle farce ? les artistes des régions
dès qu’ils sentiront la maladie arrivée prendront tous le transport pour
Yaoundé.
C’est l’état théâtre de notre
culture ou le théâtre état de notre manque de culture. Le ministère de la
culture veut par cet acte dire que le ministère de la santé ne s’occupe pas des
artistes dans les coins du pays ? je crois que chaque ministère doit
travailler dans son département. Si un ministère de la culture a été créé pour
ne rien faire, qu’il ne fasse rien et on comprendra mieux que de chercher à
faire des choses sans études réelles et dans une improvisation amateur.
Wakeu Fogaing