lundi 23 janvier 2012

Épilogue d'une trottoir

Bientôt Chez Denise


Epilogue d'un trottoir de Alain-Kamal Martial
mise en scène par Dovie Kendo
avec jeannette Mogoun
Frustrés, ivres de hard, de sexe et déballant les incompréhensions sont les impressions tirées des  spectateurs vendredi dernier à la sortie de la salle de spectacle de l’Institut français (Ex centre culturel français) de Yaoundé au Cameroun. Théâtre et sexe ne font pas toujours bon ménage. La difficile représentation de l’Epilogue d’une Trottoire, proposée par le Maluki théâtre,  le confirme. Troisième représentation depuis sa création 2009, la pièce de l’auteur originaire de Mayotte Alain Kamal Martial mise en scène par Dovie Kendo, artiste à la liberté revendicative  mais surtout  très sensible aux questions de genres et sexe  n’a malheureusement pas été à la hauteur des attentes de cet autre défi de ses propositions artistiques habituellement très décalées.  Le public a eu droit à un spectacle désolant  et désobligeant qui laisse pantois. Pour cause ? Sexe gratuit, des  mots émouvants transformés en maux pour un public, qui,  ne demandait qu’à se lâcher le temps d’un début de week-end. 
Pour l’interprétation de cette chronique de société, la comédienne Jeannette Mogoun visiblement sur son mauvais jour, n’a pas montré une véritable ligne de jeu,  dévêtant le texte de ses émotions. Atone, elle s’est retrouvée  coincée entre sa personne et les émotions. Démontrant une vraie difficulté d’appropriation de son personnage.
Pour l’histoire, nous sommes sur le trottoir, une cage toute en noire avec ouverture unique, une pointe de lumière plombée dessus. C’est l’ampoule rouge. Le réceptacle de tous les égarés de la rue publique, en quête de chaleur, de plaisir en somme. La scénographie simpliste d’Hervé Yamguen propose un espace opaque où tout semble possible. Au centre, une prostituée un programme conçu pour faire éjaculer’’ le monde. Ici,  chutent les corps et âmes de tous les acabits et de toutes les intelligences du pays. Pour meubler son quotidien, elle (la prostituée) fredonne régulièrement une chansonnette, saluant au passage ses exploits face à ses multiples clients. Son dynamisme et sa vigueur sexuels font écho.  Sauf le jour son logiciel performance se grippe face à la proposition d’un client peu ordinaire. Il   lui demande un sexe ‘’ qui  n’est ni mâle ni femelle’’.  Drôle et frustrant, la prostituée prend la parole et végète à coup de fureur les champs lexicaux usités pour traiter la femme (objet de  fantasmes, machine à plaisir, etc). 
Pendant une heure et demie de spectacle, le texte verse un  fioul  sans ornements dans les rapports Homme-Femme-sexe. On est plein dans le mil du sujet. Il traverse les politiques et les vices enfouis dans les cœurs des hommes de la rue publique et même dans les foyers. L’Epilogue du trottoire est un spectacle à l’origine d’engament social et politique qui fait suite à l’Epilogue des noyés et l’Epilogue des ventres de Alain Kamal Martial.  Dommage que la version  féministe en apparence servie par Dovie Kendo suscite très peu d’émoi et appauvrie la poésie du texte.  A titre de rappel, en 2007, l’auteur avait  fait sensation avec un spectacle tiré de la même pièce. En  50 minutes, cette pièce d’un étincelant luxe de détails rendit alors  un vibrant hommage aux combats de  la  femme africaine.

Martial Nguéa

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