jeudi 9 août 2012

Quel rêve pour ma ville


Bafoussam ville désert.


 Le coup de gueule de Wakeu Fogaing

A Bafoussam comme dans la plupart des villes du Cameroun, la rencontre de la ville avec l’art est depuis un certain temps un rêve qui peut-être ne se réalisera jamais. On dit que Bafoussam c’est la troisième ville du Cameroun et pourtant, voici presqu’une dizaine d’année qu’il n’y a pas eu de concert de musique dans cette ville jamais il n’y a eu de spectacle de danse contemporaine dans cette ville. Le public ne sait même pas ce qu’on appelle danse contemporaine. Il n’y a jamais eu dans cette ville où je vis une exposition d’artiste plasticien de renommée. A 7 Km dans la localité de Bandjoun, Barthélémy Toguo a construit un centre d’art qui fait parler de lui à l’international mais les autorités de bafoussam ne sont même pas au courant.  Un désert où sur le plan artistique, rien ne se passe et ce n’est le souci de personne. 
Dschang à 48 Km  reçoit au moins deux spectacles de théâtre l’an, au moins deux spectacles de danse l’an et parfois des expositions mais les autorités de Bafoussam restent muettes et sourdes à ce genre d’initiative. Ne dit-on pas souvent que l’art c’est l’âme d’une ville? Que les artistes sont ceux qui montrent par leur travail la sensibilité d’un peuple et d’une culture ?  Bafoussam est une ville sans âme. Nous sommes au centre d’une tradition qui a pendant des millénaires considéré l’art comme facultatif pour l’essor de la société. L’évolution n’a rien changé à cette façon profane de penser et pourtant, vous verrez chez tous les autorités de la ville plusieurs tableaux des peintres à côté de ceux des peintres profanes. Vous les verrez vous mettre la musique de Richard Bona ou de lokua Kanza, de Michael Jackson ou d’Etienne Mbappé pour meubler le temps. Dans leurs voitures ils écoutent à longueur de journée des musiciens qui sont invités à travers le monde. 

Mais l’esprit de partage manque à beaucoup. Ils ne s’imaginent pas en train de faire vivre à la ville cette sensation d’élévation qu’ils ont en écoutant les grands. Ils considèrent (je crois) leurs administrés comme des incultes, des ignorants et des analphabètes de la chose artistique. Les autorités de la ville de Dschang se sont battues pour avoir leur Musée des civilisations. Ce musée de civilisation a transformé la ville de Dschang. A Bafoussam, on construit des marchés. Des parkings sont détruits pour construire des comptoirs. Tout est orienté vers le commerce comme si le commerce est la seule chose dont on a besoin pour être. La ville de Bafoussam est sinistre le soir, pas de cabaret, pas de cinéma, pas de centre d’art, pas d’endroit tout court où on peut aller se distraire. Il n’y a que des bars où l’ivrognerie est au centre de toute conversation, où les musiques sont jouées sur des appareils inadaptés et à un décibel pour sourds et malentendants. Se distraire à Bafoussam c’est se soûler la gueule. 
Nous à la Compagnie Feugham faisons la lecture de la poésie pour résister dans un petit restaurant ; et des spectacles de théâtre comme on peut mais nous n’y avons jamais, depuis six ans, vu une autorité venir se rincer l’esprit. Le nouveau délégué de la culture qui reçoit par sms les infos sur les activités y est passé un dimanche à 23 heures soûl comme une abeille pour dire à la tenancière de ce restaurant que c’est lui le patron de la culture à l’ouest et que des restaurants comme ça doivent lui faire des recettes pour remplir sa caisse à la Délégation. C’est un scandale de penser qu’on ne peut même pas faire un truc gratuit pour un public qui se compte sur les doigts de la main sans être obligé de payer un impôt. Ce patron de la culture à Bafoussam se dissout aussi dans l’inertie légendaire des autorités de la ville capitale pour qui l’art et la culture se résument à quelques groupes de danse traditionnelle qu’on invite à quelques cérémonies pour faire du bruit pour un cachet réduit au farottage des autorités qui passent.N’a t-on pas entendu parler de Kribi-loisir-vacance ? Une initiative louable du Maire de Kribi 1er qui met en résidence des artistes qui en retour encadrent les enfants de sa ville pendant un mois de vacances à l’art du dessin, au jeu de l’acteur, au chant, à la musique etc. Les parents des enfants qui sont encadrés ne payent rien et voient leurs enfants tout le long du mois de juillet être pris en charge par des professionnels. C’est le devoir d’un maire d’anticiper pour rendre service à sa population, pour penser à la formation et à l’éducation artistique de sa ville. 
A Bafoussam, tout dort. On ne se rend pas compte que Pascale Marthine Tayou a grandi à Bafoussam et fait le tour du monde invité par des villes ; que Barthélemy Toguo est né à Bandjoun et est mondialement connu pour son travail artistique ; que Narcisse Kouokam le grand humoriste est né à Bafoussam ; que serge olivier Fokoua qui réunit tous les deux ans les plasticiens du monde au festival des arts visuels de Yaoundé (RAVY) a passé tout son enfance à Bafoussam ; nous ne citerons pas Kouam Tawa qui vit à Bafousam et va de part le monde animer des ateliers d’écriture et apporter son expertise artistique à l’organisation des festivals. Ils sont nombreux qui font la fierté artistique du monde venus d’ici et Bafoussam les ignore, ne les invite  jamais, ne construit aucun projet intégrant l’art et la culture comme un autre facteur de développement. 

lundi 11 juin 2012

Théâtre à l'alliance de Dschang

Ce jeudi 14 juin 2012 à 19 heures
La compagnie Feugham en spectacle
 à L'alliance Franco-Camerounaise de Dschang.

La querelle des épouses
de Wakeu Fogaing
avec Djuikom Denise, Koudja Mireille, Djeunang Brigitte,
Domche Gisèle Alice, Noubissi Tchoupo, Tchiptchoua paul-Emile.
Musique de Paul-Emile.

vendredi 18 mai 2012

Spectacle d'Humour à l'INSTITUT FRANCAIS de Yaoundé le 31 mai 2012


Festival Scène D'ébène Yaoundé

L'ambition de l'homme ne rate pas l'occasion de franchir les limites de l’inespéré. chacun se fait l'idée de son leader et du costume qu'il voudrait le voir porter. C'est avec dérision que Monsieur Nimportequi présente et vante les mérites de son candidat qui n'est pas n'importe qui bien entendu. le voyage ici se fait avec le rire dans une marmite de la critique sociale comme sait le faire Wakeu Fogaing qui prête son corps et sa voix à ce personnage qui n'a pas arrêté de le manipuler. "mon candidat n'est pas n'importe qui" ouvre les voix de l'interrogation sur la nature réelle des candidats à nos élections. 

Jeudi le 31 mai à 19 heures
Spectacle d' humour
A l'institut Français de Yaoundé
Textes et mise en scène de Wakeu Fogaing 

mardi 1 mai 2012

Wakeu Fogaing le bavard mécontent.


jeudi théâtre à Douala


















Wakeu Fogaing n’a pas encore fini de dire pourquoi il parle. Est-ce que les gens l’entendent ? Que non ! Mais il n’arrêtera pas de parler sans avoir fini ce qu’il a à dire. Il y a des gens qui mangent et ne font que ça. Il y a des gens qui boivent et ne font que ça. Il y a des gens qui se taisent et se suicident dans le silence qui étouffe. Wakeu Fogaing parle et refuse de mourir avec des mots à sortir dans son ventre.
Texte et mise en scène : Wakeu Fogaing
DATE: 03 mai à 19H . Lieu : Foyer de Jeunesses Akwa.
Prix : 1000F cfa

mardi 10 avril 2012

L’état théâtre ou le théâtre état


L’état théâtre ou le théâtre état
Notre Ministère de la Culture joue depuis sa création une pièce de théâtre dont le thème est la présence structurelle, visuelle et inerte dans la machine gouvernementale. Une pièce de théâtre entièrement improvisée avec des acteurs venus de partout sauf d’une école de formation appropriée puisque le Cameroun n’en possède pas. Une pièce de théâtre dont personne ne connait la trame, le protagoniste ou l’antagoniste, sans incident déclencheur, sans conflits donc sans obstacles puisque aucun bilan ne nécessite d’être présenté. A qui ?le fonctionnement du ministère de la culture montre bien l’idée que l’état a de ce pays dont il a la charge. Rester dans le gouffre de l’immobilité.
Après le scénario de la subvention des écrivains et non des maisons d’éditions, quel est le bilan national de notre livre ?où sont les livres de valeur édités grâce à l’aide du ministère ? Après le scénario d’aide des musiciens et non la construction des salles de concert et la lutte contre la piraterie, quel est le bilan positif de notre musique ? Après la farce de la distribution occulte du milliard Culturel au lieu de la mise en place des écoles d’art, des centres d’art, des conservatoires dans des régions quelle est la fierté qui reste visible et dont on peut se vanter comme empreinte du ministère de la culture ? On supprimerait le ministère de la culture que notre culture se porterait dix fois mieux. Comment peut-on croire qu’un délégué régional de la culture n’organise rien le 20 mars journée internationale de la Francophonie, le 27 mars journée mondiale du théâtre, le 29 mars journée internationale de la danse ? Le délégué en charge de la culture ne sait pas ce qu’il est sensé faire. Et même quand il est invité pour voir ce que les artistes de sa région ont préparé, il n’y va pas. Parce que le soir après le travail, c’est la bière qui fait loi et non la culture.
Dans la région nous voyons tout le monde se mobiliser pendant la semaine de la jeunesse. Le délégué régional de la jeunesse monte et descend pour que tout se passe bien. Pendant la semaine de la journée internationale de la femme, on voit tout le personnel du ministère en charge de la femme se mobiliser pour que le 8 mars soit un succès. La journée mondiale du tourisme ne passe jamais inaperçue parce que le ministère du tourisme se prépare pour que ce soit une fête. La journée des enseignants est connue dans tous les coins du pays. Pendant ce temps, le ministère de la culture dort. Aucune trace de son existence dans la promotion, la mise en valeur et l’encadrement des créateurs. On s’attendait à la construction d’un palais de la culture, le ministère de la culture a plutôt ouvert une infirmerie pour les artistes au ministère. Quelle farce ? les artistes des régions dès qu’ils sentiront la maladie arrivée prendront tous le transport pour Yaoundé.
C’est l’état théâtre de notre culture ou le théâtre état de notre manque de culture. Le ministère de la culture veut par cet acte dire que le ministère de la santé ne s’occupe pas des artistes dans les coins du pays ? je crois que chaque ministère doit travailler dans son département. Si un ministère de la culture a été créé pour ne rien faire, qu’il ne fasse rien et on comprendra mieux que de chercher à faire des choses sans études réelles et dans une improvisation amateur.
Wakeu Fogaing 

mercredi 15 février 2012


Mon candidat n'est pas N'importe qui

Wakeu Fogaing fabrique son  
nouveau spectacle humoristique 
à Bafoussam
Mon Candidat n'est n'importe qui 


Actuellement en répétitions à Bafoussam, Wakeu Fogaing manipule dans son laboratoire la période inter-électorale pour construire sa matière à rire. la gestion de ses mots l'invite à jeter un coup d'oeil sur la gestion d'autre chose. 
Rendez-vous mi-mars pour le spectacle.

lundi 23 janvier 2012

Épilogue d'une trottoir

Bientôt Chez Denise


Epilogue d'un trottoir de Alain-Kamal Martial
mise en scène par Dovie Kendo
avec jeannette Mogoun
Frustrés, ivres de hard, de sexe et déballant les incompréhensions sont les impressions tirées des  spectateurs vendredi dernier à la sortie de la salle de spectacle de l’Institut français (Ex centre culturel français) de Yaoundé au Cameroun. Théâtre et sexe ne font pas toujours bon ménage. La difficile représentation de l’Epilogue d’une Trottoire, proposée par le Maluki théâtre,  le confirme. Troisième représentation depuis sa création 2009, la pièce de l’auteur originaire de Mayotte Alain Kamal Martial mise en scène par Dovie Kendo, artiste à la liberté revendicative  mais surtout  très sensible aux questions de genres et sexe  n’a malheureusement pas été à la hauteur des attentes de cet autre défi de ses propositions artistiques habituellement très décalées.  Le public a eu droit à un spectacle désolant  et désobligeant qui laisse pantois. Pour cause ? Sexe gratuit, des  mots émouvants transformés en maux pour un public, qui,  ne demandait qu’à se lâcher le temps d’un début de week-end. 
Pour l’interprétation de cette chronique de société, la comédienne Jeannette Mogoun visiblement sur son mauvais jour, n’a pas montré une véritable ligne de jeu,  dévêtant le texte de ses émotions. Atone, elle s’est retrouvée  coincée entre sa personne et les émotions. Démontrant une vraie difficulté d’appropriation de son personnage.
Pour l’histoire, nous sommes sur le trottoir, une cage toute en noire avec ouverture unique, une pointe de lumière plombée dessus. C’est l’ampoule rouge. Le réceptacle de tous les égarés de la rue publique, en quête de chaleur, de plaisir en somme. La scénographie simpliste d’Hervé Yamguen propose un espace opaque où tout semble possible. Au centre, une prostituée un programme conçu pour faire éjaculer’’ le monde. Ici,  chutent les corps et âmes de tous les acabits et de toutes les intelligences du pays. Pour meubler son quotidien, elle (la prostituée) fredonne régulièrement une chansonnette, saluant au passage ses exploits face à ses multiples clients. Son dynamisme et sa vigueur sexuels font écho.  Sauf le jour son logiciel performance se grippe face à la proposition d’un client peu ordinaire. Il   lui demande un sexe ‘’ qui  n’est ni mâle ni femelle’’.  Drôle et frustrant, la prostituée prend la parole et végète à coup de fureur les champs lexicaux usités pour traiter la femme (objet de  fantasmes, machine à plaisir, etc). 
Pendant une heure et demie de spectacle, le texte verse un  fioul  sans ornements dans les rapports Homme-Femme-sexe. On est plein dans le mil du sujet. Il traverse les politiques et les vices enfouis dans les cœurs des hommes de la rue publique et même dans les foyers. L’Epilogue du trottoire est un spectacle à l’origine d’engament social et politique qui fait suite à l’Epilogue des noyés et l’Epilogue des ventres de Alain Kamal Martial.  Dommage que la version  féministe en apparence servie par Dovie Kendo suscite très peu d’émoi et appauvrie la poésie du texte.  A titre de rappel, en 2007, l’auteur avait  fait sensation avec un spectacle tiré de la même pièce. En  50 minutes, cette pièce d’un étincelant luxe de détails rendit alors  un vibrant hommage aux combats de  la  femme africaine.

Martial Nguéa